Sobelair: Aldo Vastapane tape du poing sur la table

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From La Libre Belgique of 6 August 2003

Le président de la Sobelair s'en prend à certains pilotes.
Ces derniers estiment que les intérêts de la Sobelair passeront au second plan en cas de fusion avec SNBA.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Aldo Vastapane, le président de la Sobelair, n'a pas apprécié du tout que quatre pilotes de la compagnie lui envoient un fax pour refuser «toute ingérance directe et indirecte» de SN Brussels Airlines (SNBA) et de sa maison-mère SN Air Holding dans la gestion de la compagnie charter. Dans une réponse cinglante sous forme de lettre ouverte au personnel de la Sobelair, Aldo Vastapane entend mettre le personnel « au courant d'agissements de certains pilotes qui veulent prendre des décisions et s'immiscer dans les responsabilités du conseil d'administration et de l'assemblée générale des actionnaires ». Et l'homme d'affaires de s'étonner: « A l'âge que j'ai, je n'avais jamais rencontré que des instructions étaient données par le personnel d'une société à son conseil d'administration ». Pour lui, « si certains pilotes ne sont ni heureux, ni satisfaits, qu'ils aient le courage de donner leur démission ». «Pourquoi un tel déballage aujourd'hui alors que les intéressés devraient être à la recherche de solutions pour garantir un avenir à la Sobelair? Cette initiative personnelle de Vastapane est regrettable et préjudiciable car elle contribue à hypothéquer les chances de survie de la compagnie et à accroître l'inquiétude au sein du personnel, des clients et des fournisseurs. Il s'est comporté comme un gamin qui n'a pas obtenu ce qu'il voulait. Nous avons l'intention de mettre Monsieur Vastapane devant ses responsabilités», rétorque un pilote qui souligne que ce fameux fax reflète l'état d'esprit qui règne au sein de la corporation des pilotes.

Rupture consommée

Autant dire que la rupture semble consommée entre Aldo Vastapane et une partie des pilotes. Ce qui pourrait également peser sur l'avenir de l'administrateur délégué Luc Mellaerts au sein de la compagnie. Depuis un certain temps déjà, il se dit que la relation entre les deux hommes n'est pas au beau fixe. Et Luc Mellarts n'a jamais caché qu'il était proche de certains pilotes et qu'il privilégiait d'autres alternatives qu'une alliance avec SNBA (notamment la «stand alone») pour la Sobelair. Or, au-delà du courrier adressé au personnel, Aldo Vastapane confirme qu'il reste un chaud partisan d'un rapprochement avec SNBA. Les discussions se poursuivent avec la compagnie aérienne alors que la curatelle de la Sabena étudie toujours la possibilité de convertir une partie de la dette de la Sobelair à son égard en capital si un tel rapprochement se concrétise.

«Un pillage organisé»

Mais, les pilotes eux - en tout cas une partie d'entre eux - restent persuadés qu'un tel rapprochement ne s'inscrit pas dans une logique de développement de la Sobelair mais qu'elle vise plutôt à sortir SNBA d'un très mauvais pas. Il faut dire que les conclusions d'une étude commandée au consultant Arthur D.Little ne sont pas très enthousiasmantes. Selon certaines sources, deux grandes options y sont présentées. La première évoque la possibilité pour SNBA de racheter à bon prix la Sobelair puis de revendre trois de ses appareils afin de faire rentrer de l'argent dans les caisses. Les contrats de la Sobelair eux ne seraient pas renouvelés. «Il s'agit là d'un pillage organisé de la Sobelair, pas d'un redressement», souligne un pilote. La deuxième piste évoque la possibilité de faire de la Sobelair un acteur «low-cost». Irréaliste aux yeux de certains observateurs, notamment en raison de la hauteur des tarifs élevés (taxes de décollage,...) pratiqués par l'aéroport de Bruxelles-National, des caractéristiques de la flotte de la Sobelair et de la concurrence des acteurs déjà en place.

Bref, la fin de l'été risque d'être très chaud... sur le front social à la Sobelair.

© La Libre Belgique 2003